Des experts ont plaidé, mardi à Rabat, en marge de la 28è édition du Salon International de l’Edition et du Livre (SIEL-2023), pour l’adaptation des compétences aux besoins du marché du travail.
Lors d’une conférence organisée par le ministère de l’Inclusion Economique, de la Petite Entreprise, de l’Emploi et des Compétences sur le thème “La formation professionnelle entre l’impératif de l’orientation et le défi de l’insertion” à la Salle Ribat Al Fath du SIEL, des chercheurs et responsables des secteurs public et privé ont mis en relief le rôle décisif de l’orientation dans l’intégration du marché du travail, tout en se penchant sur la formation professionnelle en tant que levier essentiel pour le développement au regard de la place qu’occupe l’accompagnement des chantiers structurants et des projets ouverts au Maroc.
Ces progrès ont été réalisés grâce à la Haute Sollicitude que Sa Majesté le Roi Mohammed VI n’a eu de cesse d’accorder à la valorisation du capital humain, à travers l’élargissement et la diversification de l’offre de formation dans les milieux professionnels publics et privés, ont-ils souligné, mettant l’accent sur l’impératif d’un système d’orientation professionnelle et d’approches efficaces pour relever les défis de l’inclusion économique des jeunes.
Intervenant à cette occasion, le chef de la division des affaires juridiques et des relations avec le citoyen au département de la formation professionnelle au Ministère, Mostafa Lahbichi, a affirmé que l’idée de faire le lien entre la formation et le marché du travail à la faveur de l’orientation constitue une approche innovante destinée à mettre en place un système de formation professionnelle équitable et de qualité, soulignant que l’orientation demeure un point d’entrée essentiel pour intégrer le système de formation professionnelle, d’où la nécessité de développer des procédés en phase avec les transformations des systèmes de formation, les métiers d’avenir et la personnalité des élèves/stagiaires.
L’importance de l’orientation et de son impact sur le parcours de vie des jeunes en fait une question de société qui nécessite l’adhésion de toutes les composantes dans sa mise en place, à savoir les familles, les instituts de formation et les établissements professionnels et économiques, outre l’environnement social, culturel et médiatique, a soutenu M. Lahbichi.
Et d’ajouter que pour relever le défi de l’insertion économique des jeunes, il convient d’élaborer des visions innovantes et audacieuses pour reconsidérer la forme et le fond de la formation en vue d’offrir des opportunités à toutes les catégories de la société, quels que soient leurs âges et leurs couches sociales.
Pour sa part, la présidente de l’Association nationale des gestionnaires et formateurs des ressources humaines au Maroc (AGEF), Bouchra Nhaili, a noté que le Maroc est conscient de l’importance de l’enjeu capital humain dans la quête de la compétitivité de son économie et du Royaume de manière générale, faisant observer que le Nouveau Modèle de Développement a confirmé le rôle de ce capital humain, diversifié, jeune et qualifié.
Citant le rapport du premier trimestre 2023 du Haut-Commissariat au Plan (HCP), Mme Nhaili, également directrice des ressources humaines Lydec, a indiqué que cette orientation est confrontée à l’augmentation du taux de chômage, regrettant la perte de 280.000 emplois, principalement dans le secteur agricole au vu du stress hydrique, mais aussi dans des secteurs privés.
Sur fond d’une offre abondante sur le marché et un taux de chômage en hausse, Mme Nhaili a pointé du doigt ce paradoxe, relevant la nécessité de l’adéquation de la formation avec les besoins du marché, tout en favorisant l’apprentissage des “soft skills”, les compétences transversales, le “learning by doing” et la formation par alternance.
Le Président de la Fédération Marocaine de l’enseignement professionnel Privé (FMEP), Abdelilah Benhilal, a, quant à lui, mis l’accent sur l’impératif d’orienter les jeunes tout en tenant compte de leurs penchants afin d’assurer une certaine compatibilité entre leurs compétences et les postes à pourvoir.
Il a, à cet égard, mis en avant l’importance de la diversification des programmes, ainsi que la sensibilisation et l’accompagnement dès le bas âge en vue de pouvoir intégrer facilement le marché du travail dans l’avenir.
De son côté, Toufik Cherradi, membre de la commission Capital humain à la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), a appelé à permettre aux élèves dès leur jeune âge de pouvoir se confronter à la réalité de la formation professionnelle et d’être attirés par un métier, faisant remarquer que certains jeunes se dirigent vers des établissements par dépit et suivent des formations qui ne les intéressent pas forcément.
Il a, par ailleurs, appelé à la mise en œuvre effective du cadre national de la certification (CNC), expliquant qu’il s’agit d’un outil permettant de positionner les différentes certifications sur une échelle de 1 à 8 et d’attribuer un niveau à chaque certification, pour une meilleure transparence et visibilité sur les métiers.
Organisée jusqu’au 11 juin sous le Haut Patronage de SM le Roi Mohammed VI, la 28ème édition du SIEL de Rabat réunit plus de 700 exposants provenant de 51 pays qui présentent au public une vaste sélection de plus de 120.000 titres.